Vendredi, j'ai profité de ma pause déjeuner pour satisfaire mon esprit de consommateur Grenoblois : Je suis allé faire les soldes chez Espace Montagne.
Bon en fait, j'allais chercher un sac à dos.
Je traverse les rayons à la recherche du t-shirt à 50% qui n'attends que mon corps athlétique pour exprimer tout son potentiel. Je croise un homme, pas vraiment le style montagnard, qui se parlant à lui même dit : où sont les cabines dans ce magasin ?. En personne d'éducation je lui indique le chemin et poursuit le mien, de chemin. Je n'ai pas trouvé de t-shirt.
J'arrive au rayon des sacs, j'en avise un, car c'est quand même pour ça que je suis venu. Je prends le noir : c'est bien, ça passe partout. Je me dirige vers la caisse, je fais cinq mètres, je retourne au rayon parce qu'il y en a marre du noir. Toutes mes affaires de rando sont noires : on dirait un croque-mort. Je prends le jaune : le jaune c'est bien, ça pète. Je me dirige vers la caisse, je fais cinq mètres, je retourne au rayon parce que je me dis que je vais avoir l'air con avec un sac jaune. Je prends le noir, je fais cinq mètres, je retourne au rayon, je prends le jaune, etc.
J'ai fait dix aller-retour. Finalement, j'ai pris le jaune, mais en fait on s'en fout. Surtout vous.
A la caisse, je retrouve mon homme. Il montre a sa femme les deux chemises qu'il a choisit pour faire rentrer son ventre replet.
J'ai pris ces deux là, elles sont à moins quarante.
Tu as bien fait de prendre les deux. Tu n'as rien vu d'autre ?
Non, il n'y a rien de ce magasin, on se croirait en Roumanie.
J'ai eu, à ce moment, une sensation désagréable : je décortique des crevettes, et l'une d'elles, pourrie de la tête, explose entre mes doigts. Son cerveau, ses yeux et tout ce jus qu'elle contient puent sur mes mains et sautent jusque sur mon t-shirt.
Je regarde la caissière, elle a de grands yeux. De dépit, on se marre à moitié. Le gros a disparu au coin des pantalons.
Triste monde tragique.