Il y a quelques semaines, un matin entre la fin des vacances et la rentrée, j’ai trouvé une monographie de Gianni Berengo Gardin au Gibert de la place Victor Hugo. J’avais déjà acheté un petit livre noir de la collection Photo Poche mais vingt-deux euros contre soixante-dix, la réflexion dure le temps de tendre la main.
439 pages. L’Italie en prime.
Une de ses photos la plus connue est une petite voiture anglaise, de dos, face à la mer. A son bord deux personnes, deux têtes, deux nuques.
Je trouve paradoxalement que cette photo très contemplative n’est pas vraiment représentative de l’oeuvre de l’homme. Ouvriers, hôpitaux psychiatriques, enterrements, jeunes Italiens à scooter, nomades, travaux des champs. En caricaturant on pourrait le caser dans la grande école Humaniste. Have a look at Google images même si c’est biaisé.
Sur certains points je trouve d’ailleurs que cela se rapproche de Willy Ronis. En plus sombre, les images de Ronis me semblent toujours joliment optimistes. Ca n’est pas toujours le cas ici.
En fait ce qui m’intéresse ici c’est un morceau du dialogue en préface dans lequel je retrouve un de mes problème « d’homme de gauche ».
- … j’ai donné certaines photos à une grosse entreprise romaine qui voulait les publier dans son rapport annuel. Ils en ont éliminé la moitié en disant qu’elles étaient « trop de gauche ». Désormais j’ai cette réputation, mais il s’agissait de photos normales, de la réalité. Ensuite peut-être, bien sûr, que c’est une réalité de gauche, mais il s’agit bel et bien d’une réalité. Pour moi le social, c’est tout… C’est l’homme en général. J’essaie de faire voir, je n’y arrive pas toujours.
- Et les prolétaires ne sont pas toujours beaux et sympathiques.
- Je n’ai jamais vu pires sexistes que les camionneurs, sans parler de certains maçons qui violeraient leur fille et leur grand mère ! Il faut avoir le courage d’admettre certaines choses… Qu’ensuite ce ne soit qu’une question d’éducation, c’est autre chose, mais la réalité…