Devant Monoprix j’ai croisé trois gamins aglutinés, un grand et deux petits marchant d’un pas raide. Je dis grand mais le plus âgé devait avoir dans les huits-dix ans. A voir leur petit groupe de trois et leur sourires biscornus, à vingt mètre ça sentait la bêtise.
Un, deux. Le plus grand entre, attrape un hélicoptère radiocommandé, regarde les deux autres qui, dehors, pouffent et ressort. Trois, quatre. Tout le monde s’éparpille gauchement, on dirait qu’ils jouent à cache cache. Dix minutes plus tard dans le petit parc de la rue derrière j’imagine un « Y’a pas de piles » déçu.
On note déjà l’intelligence d’un magasin qui étale des jouets en vitrine sur un chemin d’école. Notre voleur a fait moins de trois pas entre la porte automatique et l’objet de son larcin. On me dira surement que la question ne devrait pas se poser en ce sens, que le vol c’est mal et qu’on a bien le droit de coller de la nourriture sous le nez des affamés. Je m’étais déjà fait la remarque avant cet épisode sentant bien qu’il y avait là une tentative minable d’extorsion de fonds via de subtils « Hey papa, tu as vu ? » en forme de peluches Hello Kitty grosses et roses.
Sur le moment je me suis par contre demandé si j’avais raison de laisser courir les voleurs de pommes ou si il aurait fallu intervenir, crier un ridicule « Au voleur » ou chopper le gamin par l’oreille. A vrai dire je ne me voyais bien ni en flic ni en balance et je me suis souvenu que moi aussi plus jeune j’avais fait deux-trois trucs dans le genre (coucou papa, ça va ?) sans devenir un truand pour autant.
Qui vole un oeuf, vole un boeuf. Bullshit.
L’anecdote m’a quand même travaillé, dix jours après je me demande ce qu’est devenu l’hélicoptère, si le gamin s’est fait remettre en place par ses parents, si il y pense encore et avec quels sentiments.
Vous auriez fait quoi vous ?